Emophane

Le trouble borderline est un trouble mental (psychopathologique) (voir site de l’association AAPEL – trouble borderline) et il est alors de fait « logique » que les critères diagnostiques DSM du trouble fassent ressortir les « dysfonctionnements » de la personne qui en souffre et non l’inverse. (voir petit test AAPEL).

Je trouve cette vision très « injuste » (même si elle est indispensable sur le plan médical), injuste car elle ne montre pas aussi les cotés potentiellement « positifs » d’une personne souffrant d’état limite.

Je sais bien que ce n’est pas vraiment dans les habitudes des « borderline » de se définir de façon « positive » (sauf ceux qui sont dans le déni ou le clivage et qui peuvent chercher à présenter une « image »).

C’est justement pour cela que je me suis mis à chercher une vision positive du trouble borderline, que j’ai nommé « émophane » et ce afin de dé-stigmatiser les personnes qui souffrent de cette pathologie..

Encore une fois l’objet n’est absolument pas de faire des « borderlines » des « êtres supposés supérieurs » ou d’imaginer une sorte de secte. Il s’agit simplement de rééquilibrer la balance. L’objet n’est pas non plus d’effacer ou de nier l’existence de pathologies et de troubles de la personnalité ou de déresponsabiliser les personnes souffrant de trouble borderline. Le trouble borderline est et demeure un trouble de la personnalité (avec des critères diagnostiques) qui engendre de grandes souffrances. 

Notons que d’une certaine façon, une personne qui aurait tous les traits positifs de l’émophane serait de fait en souffrance dans un monde bien peu émophane. Bien entendu elle ne pourrait pas non plus être narcissique ou se sentir supérieure de quelque façon que ce soit car cela serait incompatible avec les traits de l’émophane.

Tout ceci n’a rien à voir non plus avec un QI ou une intelligence dite supérieure car il est possible de trouver aussi bien des « saints » que des dictateurs psychopathes parmi les génies

(L’idée d’une vision positive du trouble borderline m’est venue en regardant notamment les travaux de Carol Gray et Tony Attwood sur le trouble d’Asperger, “The Discovery of « Aspie » Criteria”, The Gray Center for Social Learning and Understanding), l’objet étant de déstigmatiser un trouble.

Que veut dire le mot émophane?Sauf erreur, ce mot n’existait pas et il est sorti tout droit de mon imaginaire.J’ai construit le mot émophane à partir du préfixe « émo » comme « émotion » et du suffixe grec « phane » dans le sens de « manifestation »Emophane se veut donc dire étymologiquement parlant: « Manifestation des émotions« 


Qu’est qu’un émophane ?Une personne émophane est une personne qui répond aux critères ou canons de l’émophanie.


Quelles sont les traits de caractères d’une personne émophane (ou de l’émophanie – emophany)De ma propre expérience, les personnes qui souffrent d’un trouble borderline ont (au moins au fond d’elles-mêmes)quasi tous des traits de caractères suivants:ATTENTION: La question n’est pas fonction des conséquences éventuellement négatives d’un trait de caractère (ce n’est pas toujours la « joie » d’être hypersensible), ni même d’une éventuelle incapacité à le mettre en œuvre du fait du trouble, du déni ou d’une dépression. Je peux par exemple être très sensible au fond de moi mais pour autant me montrer froid comme le marbre… il n’empêche que la sensibilité fait partie de mes traits de caractère
 Altruisme (tendance naturelle à aimer et à aider son prochain)Autodérision (capacité à se moquer de soi-même)Bon fondCréativitéCuriosité (désir de comprendre, de connaître, de s’instruire)Empathie (capacité à se mettre à la place d’une personne et de ressentir ce qu’elle vit/ressent)(par ex: si je vois une personne qui souffre, je vais me mettre à ressentir sa souffrance)Enthousiasme (Forte émotion se traduisant par de grandes démonstrations de joie)Exigence de soiForce de caractère (par ex: supporter des choses que beaucoup ne supporteraient pas bien longtemps)Générosité (disposition à donner sans compter)Modestie (absence de vanité, d’orgueil)Naiveté (« innocence de l’enfant »)Ouverture d’esprit (« facilité à comprendre et à admettre des idées et opinions qui sont nouvelles ou inhabituelles »)Probité (« Droiture, intégrité, honnêteté, justice au sens ‘moral’ « )Remise en question (« capacité à envisager que ses hypotheses ou croyances sont potentiellement erronées »)Sensibilité.

Quel liens entre « être émophane » et « souffrir d’un trouble borderline » ?Tout ceci resterait à prouver de façon scientifique, mais je pense que les personnes émophanes sont « à risque » de développer un trouble de la personnalité borderline(voir site AAPEL)(le trouble se révèle généralement au début de l’age adulte mais se « construit » dans les toutes premières années de la vie) mais sans doute aussi à risque de développer un trouble de la personnalité évitante.(voir site AAPEL)Pour résumer:

  • Une personne qui souffre d’un trouble borderline est selon cette théorie « émophane » même si elle peut, dans certaines circonstances, se comporter comme une non-émophane


Toutes les personnes ayant les traits de l’émophanes auraient-elles un trouble borderline ?Bien sur que non et je rajouterais « encore heureux ! »Une personne « émophane » peut n’avoir aucun trouble psychopathologique comme elle peut avoir développé des troubles psy comme par exemple un trouble de la personnalité évitante, un trouble de la personnalité borderline, etc..Un trouble borderline n’est certainement pas le « moyen d’accès » aux traits de l’émophane, au contraire même, le trouble borderline constitue une barrière à l’expression des traits émophanes.


Qui suis-je ?Une des grosses craintes des personnes souffrant de trouble borderline est notamment de « se perdre » dans une thérapie.(voir site AAPEL)

Nombreuses sont celles qui pensent (à tort) que c’est leur trouble borderline qui a fait d’elles ce qu’elles sont…
De ce fait, certaines peuvent rejeter violemment le diagnostic de trouble de la personnalité borderline car dans leur tête, elles ne seraient plus « elles » mais « leur trouble » (une espèce de « je ne suis plus moi car moi c’est un trouble »), situation au combien déstabilisante…

Leur discours est alors « si je suis sensible c’est parce que j’ai un trouble borderline »… ainsi que « qui serais-je sans ce trouble ? »

La vérité en est que « ce n’est pas parce que je souffre d’un trouble borderline que je suis sensible, mais parce que je suis sensible que je faisais parti d’une population à risque pour développer un trouble borderline »

De ce fait, « guérir d’un trouble borderline (voir site AAPEL) ce n’est pas me débarrasser de ma sensibilité mais uniquement me débarrasser de mon trouble borderline », il n’y a donc pas risque de se « perdre » dans une thérapie


Et un « borderline » sans trouble borderline, c’est quoi ?

Et bien, en théorie, c’est un émophane !
Emophane qui peut alors mettre ses « qualités » d’émophane au service de lui même et des autres et non plus au service de sa propre autodestruction et autres clivages.


Mais être émophane, pourrait faire mal !Qui vous dit le contraire… Oui, ça peut faire mal d’être émophane et ce d’autant plus que le monde dans lequel nous vivons serait « non-émophane »

Mais pour autant:

  • Un monde « émophane » ne serait-il pas plus « beau » (avec moins de destructions, de conflits, de guerres) ? Je le pense.
  • Etre émophane, n’est ce pas véhiculer de « belles » valeurs ? Je le pense.
  • Devriez-vous alors avoir « honte » d’être émophane ? Je ne le pense pas.

Et si vous aviez le choix entre rester émophane et devenir, avec une baquette magique, « non-émophane »… Pensez-vous que le non-émophane que vous seriez devenu pourrait s’aimer ? Je crains que non.

Alors pourquoi faudrait-il voir comme un « drame » le fait d’être émophane alors que vous pourriez plus voir cela comme un cadeau !